Skip to main content
« SWIFT, CIPS et PAPSS : l’Afrique redessine sa souveraineté financière »
September 16, 2025 at 10:00 PM
by CLCustinne/source 2025
4_foto_blog_-1758122372112.png

🌍 L’Afrique face au dilemme SWIFT–CIPS : souveraineté financière ou nouveaux risques ?

Introduction

Dans un monde où les équilibres financiers se redessinent à grande vitesse, l’Afrique se retrouve à un carrefour stratégique. Longtemps dépendant de SWIFT, système de messagerie bancaire dominé par l’Occident, le continent explore aujourd’hui des alternatives émergentes : le CIPS (Cross-Border Interbank Payment System) piloté par la Chine et le PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System), pensé pour fluidifier les échanges intra-africains.

L’enjeu est clair : gagner en autonomie, réduire les coûts prohibitifs des transactions internationales et s’affranchir de la dépendance au dollar. Mais derrière cette quête de souveraineté se cachent de sérieuses fragilités, tant au niveau institutionnel que bancaire, qui risquent de freiner ce tournant.

Les promesses de CIPS et PAPSS

L’Afrique a beaucoup à gagner avec ces nouveaux systèmes :

  • Transactions moins coûteuses : les frais liés à SWIFT sont souvent inaccessibles pour les PME africaines.
  • Paiements plus rapides : CIPS et PAPSS réduisent les délais et suppriment de nombreux intermédiaires.
  • Intégration régionale : en favorisant les règlements en monnaies locales, PAPSS renforce la ZLECAf et stimule le commerce intra-africain.
  • Diversification des partenaires : avec le yuan via CIPS, les pays africains élargissent leur marge de manœuvre face au monopole du dollar.

À première vue, ces alternatives semblent offrir au continent les outils nécessaires pour bâtir un avenir économique plus autonome et résilient.

Les zones d’ombre : fragilités institutionnelles et bancaires

Mais cette transition ne va pas sans difficultés majeures :

  1. Capacité institutionnelle limitée
    Beaucoup de banques centrales africaines manquent de moyens pour garantir la stabilité et la sécurité des paiements numériques.
    Les régulations financières ne sont pas harmonisées entre États, ce qui crée un risque de fragmentation.
  2. Risque de dépendance technologique
    Si le PAPSS vise l’autonomie, CIPS reste sous forte influence chinoise.
    Un basculement trop rapide pourrait remplacer une dépendance à l’Occident par une dépendance accrue à Pékin.
  3. Vulnérabilité des économies pauvres
    Les pays les plus fragiles, en Afrique comme en Asie, risquent de subir des ruptures de flux financiers si leurs institutions ne s’adaptent pas assez vite.
    Les sanctions internationales pourraient aussi peser lourd sur les nations qui choisiraient d’abandonner SWIFT sans filet de sécurité.

Un équilibre délicat à trouver

Le choix qui s’impose aux dirigeants africains est donc subtil :
👉 D’un côté, CIPS et PAPSS représentent une chance historique d’émancipation financière.
👉 De l’autre, une transition précipitée pourrait aggraver les fractures institutionnelles, accentuer la dépendance extérieure et fragiliser les économies locales.

Le véritable défi n’est pas seulement technique ou économique : il est politique et stratégique. L’Afrique doit construire sa souveraineté financière sans s’enfermer dans une nouvelle dépendance, en veillant à consolider ses institutions et à renforcer la coopération régionale.

Conclusion

L’Afrique est à la croisée des chemins. Abandonner SWIFT pour adopter CIPS ou PAPSS ne se résume pas à un choix technologique : c’est une décision de civilisation, qui engage son avenir économique et géopolitique.

La promesse est grande : moins de coûts, plus d’autonomie, un meilleur contrôle de son destin financier. Mais le risque est réel : accentuer la vulnérabilité des économies pauvres et basculer d’une tutelle à une autre.

En définitive, le succès dépendra de la capacité du continent à bâtir une infrastructure bancaire robuste, harmonisée et sécurisée. Sans cela, la souveraineté monétaire restera un horizon… plus qu’une réalité.