Dans un monde où les équilibres financiers se redessinent à grande vitesse, l’Afrique se retrouve à un carrefour stratégique. Longtemps dépendant de SWIFT, système de messagerie bancaire dominé par l’Occident, le continent explore aujourd’hui des alternatives émergentes : le CIPS (Cross-Border Interbank Payment System) piloté par la Chine et le PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System), pensé pour fluidifier les échanges intra-africains.
L’enjeu est clair : gagner en autonomie, réduire les coûts prohibitifs des transactions internationales et s’affranchir de la dépendance au dollar. Mais derrière cette quête de souveraineté se cachent de sérieuses fragilités, tant au niveau institutionnel que bancaire, qui risquent de freiner ce tournant.
L’Afrique a beaucoup à gagner avec ces nouveaux systèmes :
À première vue, ces alternatives semblent offrir au continent les outils nécessaires pour bâtir un avenir économique plus autonome et résilient.
Mais cette transition ne va pas sans difficultés majeures :
Le choix qui s’impose aux dirigeants africains est donc subtil :
👉 D’un côté, CIPS et PAPSS représentent une chance historique d’émancipation financière.
👉 De l’autre, une transition précipitée pourrait aggraver les fractures institutionnelles, accentuer la dépendance extérieure et fragiliser les économies locales.
Le véritable défi n’est pas seulement technique ou économique : il est politique et stratégique. L’Afrique doit construire sa souveraineté financière sans s’enfermer dans une nouvelle dépendance, en veillant à consolider ses institutions et à renforcer la coopération régionale.
L’Afrique est à la croisée des chemins. Abandonner SWIFT pour adopter CIPS ou PAPSS ne se résume pas à un choix technologique : c’est une décision de civilisation, qui engage son avenir économique et géopolitique.
La promesse est grande : moins de coûts, plus d’autonomie, un meilleur contrôle de son destin financier. Mais le risque est réel : accentuer la vulnérabilité des économies pauvres et basculer d’une tutelle à une autre.
En définitive, le succès dépendra de la capacité du continent à bâtir une infrastructure bancaire robuste, harmonisée et sécurisée. Sans cela, la souveraineté monétaire restera un horizon… plus qu’une réalité.