🌍 Après l’OCS 2025 : comment l’Europe et les États-Unis préparent leur avenir à l’horizon 2030
Introduction
Le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin en 2025 a marqué un tournant. Avec l’adoption de la Déclaration de Tianjin et d’une stratégie de développement jusqu’en 2035, l’OCS a confirmé son ambition de bâtir un monde multipolaire, moins dépendant de l’Occident.
Face à cette recomposition, l’Europe et les États-Unis n’ont d’autre choix que de réagir. Plusieurs mesures sont déjà à l’étude pour garantir leur compétitivité et leur influence à l’horizon 2030.
Le rôle stratégique des éléments rares
Les terres rares sont devenues des leviers de pouvoir incontournables. Indispensables à la fabrication de batteries, d’éoliennes, de systèmes de défense ou encore de semi-conducteurs, elles redéfinissent les rapports de force entre nations.
- Les pays membres de l’OCS, en renforçant leur contrôle sur ces minerais, consolident leur capacité d’influence.
- Selon Brookings Africa et Chatham House, ces ressources sont désormais au cœur des négociations stratégiques, permettant aux États producteurs (souvent africains) de peser dans les décisions économiques globales.
- Le CSIS Africa Program souligne que la compétition pour l’accès à ces ressources accélère la désolidarisation avec l’Occident, qui cherche à sécuriser d’autres chaînes d’approvisionnement.
Ainsi, l’OCS 2025 ne redéfinit pas seulement l’économie mondiale : il redessine aussi la carte stratégique des alliances.
🔑 Mesures en préparation côté États-Unis
- Réindustrialisation stratégique
- Plans massifs d’investissements dans les semi-conducteurs, batteries, IA et cybersécurité.
- Relocalisation d’une partie de la production pour réduire la dépendance à l’Asie.
- Diplomatie des minerais critiques
- Renforcement de l’initiative « Minerals Security Partnership » pour sécuriser l’approvisionnement en cobalt, lithium et terres rares, notamment en Afrique et Amérique latine.
- Promotion d’accords bilatéraux avec des pays africains pour limiter l’influence chinoise.
- Partenariats commerciaux et sécuritaires
- Développement de nouveaux accords de libre-échange dans l’Indo-Pacifique.
- Consolidation du rôle de l’OTAN et partenariats sécuritaires dans l’APAC pour contrer l’axe Chine-Russie.
🔑 Mesures en préparation côté Europe
L’énergie reste un autre pilier de l’influence de l’OCS, tant en Afrique qu’en Asie :
· Hydrocarbures: en investissant massivement dans les infrastructures pétrolières et gazières, l’OCS sécurise ses approvisionnements et renforce sa centralité géoéconomique.
· Énergies renouvelables : avec des projets solaires et éoliens en Afrique, les membres de l’OCS se positionnent comme partenaires de la transition énergétique globale, réduisant la dépendance des pays émergents aux combustibles fossiles.
D’après NBR Indo-Pacific, cette combinaison énergie fossile + renouvelable permet à l’OCS de bâtir un réseau d’influence durable, ancré dans la coopération Sud-Sud.
- Souveraineté énergétique et verte
- Accélération du Green Deal européen pour réduire la dépendance aux hydrocarbures extérieurs.
- Partenariats énergétiques avec le Maghreb (hydrogène vert, solaire, interconnexions électriques).
- Alliance industrielle européenne
- Soutien accru à des champions européens dans les secteurs clés (IA, biotechnologies, défense).
- Mise en place de fonds stratégiques pour rivaliser avec les subventions américaines (IRA).
- Approfondissement des relations Afrique-Europe
- Coopérations renforcées sur l’industrialisation africaine, notamment via la ZLECAf.
- Stratégies communes pour sécuriser l’accès aux ressources critiques.
🌐 Défis communs à l’Occident
- Maintenir l’avance technologique face à une Chine très active dans l’IA, les télécoms et les infrastructures.
- Répondre à la désolidarisation : l’OCS et les BRICS offrent aux pays du Sud de nouvelles alternatives, réduisant le poids de l’Occident.
- Adapter les institutions internationales : l’ONU, l’OMC ou le FMI devront évoluer si l’Occident veut rester un acteur central.
- Éviter la fragmentation : l’Europe et les États-Unis doivent coordonner leurs politiques au lieu de rivaliser (ex. subventions industrielles).
📊 Perspectives socio-économiques d’ici 2030
Les évolutions portées par l’OCS 2025 auront des répercussions profondes au niveau mondial :
- Afrique : champ de bataille stratégique pour les partenariats économiques et miniers. Opportunités accrues dans les infrastructures, les énergies renouvelables et l’industrialisation. Mais des défis persistent : gouvernance, dette, transparence et capacité d’absorption des financements.
- APAC : Croissance soutenue grâce aux capitaux OCS et BRICS, mais risques de dépendance accrue vis-à-vis de la Chine. Deviens le centre de gravité économique mondial, où s’affrontent modèles OCS/BRICS et Occidentaux.
- Europe et USA : Perte de centralité progressive dans les chaînes d’approvisionnement critiques (terres rares, semi-conducteurs, énergie). Ces régions doivent repenser leurs politiques industrielles et investir davantage dans l’innovation pour rester compétitives. D’où la nécessité de renforcer l’innovation et les partenariats Sud-Sud, faute de quoi leur influence reculera encore.
- Emploi & compétences : la diversification énergétique et technologique pourrait créer de nouveaux pôles d’emploi qualifiés en Afrique et en Asie, mais accentuer les tensions sociales dans les pays occidentaux si les industries locales déclinent.
- Marchés financiers : diversification progressive hors dollar et euro, montée en puissance des règlements bilatéraux en monnaies locales (yuan, roupie, rouble) qui pourrait affaiblir le rôle central du dollar. Cela pourrait stimuler la croissance des bourses émergentes mais aussi accroître leur volatilité.
Les perspectives des think tanks internationaux
Les principaux think tanks internationaux s’accordent sur l’ampleur du basculement que représente OCS 2025 :
- Brookings et CSIS : mettent en avant la convergence entre stratégies énergétiques et contrôle des terres rares comme facteur clé d’un nouvel équilibre mondial.
- Wilson Center & Chatham House : analysent les implications à long terme de l’OCS pour la gouvernance mondiale et les institutions multilatérales, en particulier sur les normes de financement et de sécurité.
- NBR Indo-Pacific Africa : insiste sur les réactions des pays de l’Indo-Pacifique, tiraillés entre opportunités offertes par l’OCS et pressions occidentales pour rester alignés.
Ensemble, ces analyses confirment que l’OCS n’est plus une simple alliance régionale mais bien un catalyseur d’un monde multipolaire, dont l’Afrique est l’un des pivots stratégiques.
Conclusion
La fin de l’OCS 2025 confirme l’émergence d’un monde multipolaire. Mais si l’Occident a perdu le monopole de l’influence, il reste un acteur central. Les mesures déjà engagées – réindustrialisation, diplomatie minière, transition énergétique, partenariats Afrique-Europe – montrent que les États-Unis et l’Europe préparent activement l’horizon 2030.
Leur réussite dépendra de leur capacité à s’adapter vite, à coopérer davantage et à proposer une alternative crédible aux nations du Sud, de plus en plus courtisées par l’OCS et les BRICS. Pour l’Europe et les États-Unis, c’est un signal d’alerte : repenser leurs stratégies d’ici 2030 pour rester influents dans un monde où la coopération Sud-Sud gagne du terrain.