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Systèmes de paiement et souveraineté : l’Afrique au cœur du nouvel ordre financier »
September 16, 2025 at 10:00 PM
by Cl.Custinne/source2025
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🌍 L’Afrique à la croisée des paiements : entre héritage et émancipation

Dans l’ombre des grandes places financières où se décident les équilibres du monde, l’Afrique avance aujourd’hui vers un carrefour décisif. Longtemps soumise aux règles d’un système façonné ailleurs, dominé par SWIFT et par le poids du dollar, elle s’interroge désormais : doit-elle continuer sur cette voie héritée, ou tracer sa propre route en embrassant des alternatives chinoises comme le CIPS, ou en misant sur des solutions régionales telles que le PAPSS ?

La question n’est pas technique : elle est civilisationnelle. Elle touche au cœur même de la souveraineté, à l’intime désir des nations africaines de ne plus dépendre d’instances lointaines pour valider leurs échanges.

Les promesses d’une alternative : efficacité et autonomie

L’attrait de ces nouveaux systèmes est évident :

Ils promettent des paiements plus rapides, des coûts allégés, une fluidité nouvelle dans les échanges intra-africains. Porté par la Chine, ouvre quant à lui une brèche dans l’hégémonie du dollar, offrant aux États une marge de manœuvre géopolitique inédite.

A terme :

  • Moins de coûts : les frais liés à SWIFT restent prohibitifs, notamment pour les PME africaines.
  • Plus de rapidité : CIPS et PAPSS éliminent de nombreux intermédiaires et accélèrent les règlements.
  • Intégration régionale : PAPSS, en permettant les règlements en monnaies locales, renforce la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
  • Diversification géopolitique : via CIPS, certains pays peuvent réduire leur dépendance au dollar et s’ouvrir davantage au yuan.

Ces évolutions pourraient transformer le paysage financier africain, favoriser le commerce intra-continental et donner au continent les leviers nécessaires pour défendre ses intérêts sur la scène internationale.

Les zones d’ombre : vulnérabilités et dépendances nouvelles

Mais ce tournant ne se fera pas sans heurts. Mais toute promesse porte sa part d’ombre. Se détourner de SWIFT pourrait signifier, pour certains, quitter une dépendance occidentale pour tomber sous l’influence de Pékin. Derrière l’efficacité technique se cachent des réalités politiques : qui contrôle les flux, contrôle aussi, en partie, les choix d’une nation. Et les pays les plus fragiles — en Afrique comme en Asie — risquent, dans cette transition, d’être les premiers à en payer le prix.

Trois risques majeurs se dessinent :

  • Fragilité institutionnelle : de nombreuses banques centrales africaines manquent encore d’infrastructures robustes pour sécuriser les paiements numériques.
  • Risque de substitution : remplacer SWIFT par CIPS reviendrait peut-être à échanger une dépendance occidentale contre une dépendance accrue à la Chine.
  • Économies vulnérables : les pays les plus fragiles, en Afrique comme en Asie, risquent de subir une fragmentation des flux financiers et d’être exclus des marchés internationaux si la transition est trop rapide.

À cela s’ajoutent les incertitudes politiques : sanctions internationales, pressions géopolitiques, tensions autour de l’usage des devises. Le chemin de l’émancipation n’est pas linéaire ; il est semé de contradictions et de dilemmes.

L’Afrique, actrice ou spectatrice ?

Ce dilemme dit beaucoup du moment historique que traverse le continent. L’Afrique n’est plus condamnée à subir les règles : elle peut les écrire. Mais pour que cette ambition prenne corps, il faudra plus que des infrastructures : une volonté politique forte, des institutions robustes, une coopération régionale sincère.

Conclusion

À la croisée des paiements, l’Afrique joue bien plus que son avenir bancaire : elle joue sa place dans le concert des nations. Choisira-t-elle de rester spectatrice d’un monde qui se redessine, ou de devenir actrice d’un nouvel ordre financier ?

L’histoire retiendra peut-être ce moment comme celui où le continent, fort de ses ressources et de ses peuples, aura osé tourner la page d’une dépendance séculaire pour écrire son propre chapitre. Un chapitre où la monnaie, au-delà des chiffres, devient l’expression d’une souveraineté retrouvée.